Une étude récente a décrit les maladies les plus fréquentes touchant les enfants de moins de 5 ans dans la commune de Camopi : les « classiques » rhinopharyngites et gastroentérites arrivent en tête, mais certaines constatations sont préoccupantes…
Situé au cœur de la foret amazonienne en Guyane française, le petit village amérindien de Camopi est original de par son isolement géographique et son environnement socio-culturel. Les enfants, le futur de nos sociétés, sont particulièrement vulnérables dans ce type de milieu. Ils sont susceptibles de contracter diverses maladies perturbant leur développement et leur croissance.
Grâce à des données socio-démographiques, de naissance, de vaccination, et de suivi médical recueillies à partir des carnets de santé, une enquête descriptive a pu être réalisée au sein du centre de santé de Camopi.
Les principaux résultats vous sont exposés ci-après:
- La couverture vaccinale des enfants au moment de l’étude est satisfaisante pour les vaccins les plus courants. Elle dépasse les 95% pour le BCG, le DTP, le HBV et la fièvre jaune. Cependant, seulement 4 enfants sur les 149 patients inclus sont à jour de leur vaccin contre le pneumocoque. Pourtant recommandé chez les nourrissons, ce vaccin n’est pas toujours présent dans les dotations attribuées aux PMI et aux centres de santé de toute la Guyane.
- Les pathologies ORL et respiratoires hautes sont les plus fréquentes, leur incidence est de 4,31 cas/personnes-année. Les affections respiratoires sont les maladies les plus graves. La détresse respiratoire est la cause de 37,9% des hospitalisations et l’asthme du nourrisson est l’une des 2 pathologies chroniques les plus fréquentes.
- Les affections digestives sont un véritable problème de santé publique. Elles sont à l’origine de déshydratations, premières causes de surveillance au CPDS. Le retard de croissance, qui touche 5,4% de la population, serait aussi l’une des conséquences directes de ces affections.
- Plus d’un enfant sur 2 est amené à consulter au cours de ses premières années de vie pour un problème bucco-dentaire. Les modifications alimentaires avec l’apparition de nourriture industrielle pourraient en être la cause.
- Une surconsommation d’antibiotiques a également été constatée, 1 consultation sur 3 aboutie à la prescription d’un traitement antibiotique.
Cette étude a donc permis d’identifier les pathologies respiratoires et digestives comme les principaux acteurs de la morbidité pédiatrique à Camopi. D’autres études spatio-temporelles sont nécessaires afin de mieux comprendre les facteurs de morbidité associés. La formation du personnel sur site, le renforcement des moyens médicaux et le développement de l’activité de prévention sur le péril fécal et la santé bucco-dentaire pourraient apporter des solutions pour optimiser la prise en charge pédiatrique en milieu isolé.
Télécharger la thèse en médecine (octobre 2016 – CHAR de Cayenne)
Article rédigé par l’auteur de la thèse, Charles POTENTIER, Docteur en médecine