Retour sur la Semaine de sensibilisation contre les violences sexuelles en Guyane

Publié le : 12 juin 2018
Rubrique : Actualité

En France, les violences faites aux femmes demeurent massives. Chaque année, 223 000 femmes sont victimes de violences conjugales et seulement 14% portent plainte. En 2015, 122 femmes sont décédées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. Chaque année, 84 000 femmes sont victimes de viol. En 2014, 1 075 personnes ont été condamnées pour viol. Source : http://stop-violences-femmes.gouv.fr/les-chiffres-de-reference-sur-les.html

Selon le Conseil de l’Europe, les violences sexuelles sont une problématique de santé publique qui est loin d’épargner les enfants : 1 enfant sur 5 est victime. Les racines de cette violence se trouvent dans les agressions sexuelles faites aux enfants, garçons et filles. La persistance de ces violences va à l’encontre des droits et de la dignité des femmes et des enfants. Elles sont le premier obstacle à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes et engagent l’avenir de ces enfants.

Un niveau de violence supérieur en outre-mer

Selon le rapport du Conseil économique social et environnemental «Combattre les violences faites aux femmes dans les outre-mer», publié au printemps 2017, le niveau de violence contre les femmes est globalement plus élevé outre-mer qu’en métropole. Les femmes sont particulièrement exposées à différentes violences de genre, notamment au regard de leurs droits sexuels et reproductifs. Ces violences, qui résultent à la fois du poids des stéréotypes de genre et des difficultés à garantir le droit d’accès à la justice et le droit à la protection de la santé, sont également présentes en métropole mais la situation spécifique des outre-mer tend à les aggraver.

En savoir plus sur le site du CESE « Combattre les violences faites aux femmes dans les outre-mer »

Situation en Guyane

Ainsi, en Guyane, où le taux de viols déclarés est le plus élevé de tous les territoires français et où le taux de grossesses précoces chez mineures 20 fois plus important qu’en métropole, la proportion de femmes déclarant avoir eu un premier rapport « non consenti » est de 34 % pour les moins diplômées. Les professionnels du Centre Médico-Psychologique et Infantile (CMPI, dont les bénéficiaires sont les jeunes jusqu’à 16 ans) de Saint-Laurent du Maroni, de Maripasoula et Papaichton, ont reçu, en 2017, 109 nouveaux cas d’agressions sexuelles, soit plus de 2 cas par semaine.

Télécharger le dossier de presse de la Semaine de sensibilisation 2018 (pdf 3Mo)

Une étude menée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur l’effectivité des droits de l’homme dans les outre-mer (publication en 2018) et déjà reprise par la Cour de cassation le 21 novembre 2017 (JORF n°0281 du 2 décembre 2017), souligne le risque de vulnérabilités multiples auquel sont exposées les femmes de l’outre-mer. Cette étude examine la situation de la Guyane et aussi le contexte spécifique de l’Ouest Guyanais et aboutit à différents constats :

  • Les violences de genre freinent l’autonomisation et la pleine citoyenneté sociale et économique des femmes.
  • Parmi les jeunes générations, la sexualité féminine fait l’objet de représentations sociales propices aux violences : les femmes tendent à être représentées comme des actrices passives du rapport sexuel et la recherche du plaisir féminin n’est pas valorisée.
  • A Saint-Laurent du Maroni, en cas de suspicion d’abus sexuels sur des filles enceintes de moins de 15 ans, le signalement à l’Aide sociale à l’enfance n’est pas systématique, ni est systématique la soumission à l’enquête ; les plaintes semblent en outre manquer de suivi.
  • La mobilisation des élus locaux sur ces sujets est faible.

En savoir plus sur l’Avis sur les violences de genre et les droits sexuels et reproductifs dans les Outre-mer du CNCDH

Une semaine de sensibilisation et de formation

caroussel_violences-sexuellesEn Guyane, l’accompagnement des victimes de violences faites aux femmes au sein des différentes structures d’accueil ou de prise en charge est compliqué de plusieurs facteurs : le manque de structures (pas d’unité médico-judiciaire dans l’Ouest, aucun centre maternel), le personnel insuffisant (travailleurs sociaux, accueil dédié à la gendarmerie, psychologues et psychiatres), les associations d’aide aux victimes peu nombreuses et manque d’implication des institutions, le manque d’information et de formation des professionnels et les difficultés locales (victimes en situation irrégulière, barrière des langues).

Cependant, de nombreuses initiatives voient le jour depuis plusieurs années, dont un colloque « Femmes victimes de violences conjugales, le rôle des professionnels »en 2016 et la création de groupes de travail «Violences faites aux femmes» en 2015 à St Laurent du Maroni et 2017 à Cayenne.

Cette année le Réseau Périnat Guyane et l’association l’Arbre Fromager se sont associés pour mettre en lumière durant une semaine la problématique de la Violence Sexuelle en Guyane. Du 7 au 13 mai 2018, de nombreuses actions ont été organisées sur tout le territoire et ont permis de sensibiliser ou former près de 200 personnes.
La semaine a été inaugurée par une conférence intitulée « Les violences sexuelles, un fléau : en parler, les prévenir, en guérir » à la Mairie de Cayenne avec le Dr Guérin, présidente de l’association Stop aux Violences Sexuelles. En parallèle, plusieurs formations ont été organisées sur Cayenne et Saint Laurent du Maroni. Enfin, pour clôturer la semaine, une marche de sensibilisation aux violences sexuelles a eu lieu à Saint Laurent du Maroni.

Le travail se poursuit et de nombreux travaux verront le jour dans les prochains mois : un état des lieux de la situation et un annuaire ressources dans l’ouest guyanais, une plaquette d’information en plusieurs langues à destination des femmes.

A Cayenne, l’association l’Arbre Fromager offre aux femmes en difficulté, qui cherchent à s’exprimer et à s’informer, une écoute, un soutien et un accompagnement individuel et/ou collectif. L’Arbre Fromager traite toutes les problématiques suivantes rencontrées par les femmes : la violence, la santé, l’intégration, l’hébergement, l’insertion professionnelle et la parentalité. La femme est soutenue dans sa globalité avec comme objectif de valoriser et renforcer ses compétences afin de trouver une autonomie et mieux gérer sa propre vie.

Contact

Réseau Périnat
Tel : 05 94 27 16 01  /  06 94 12 27 16
Mail : reseauperinatguyane@gmail.com

Association Arbre fromager
Tel : 0594 38 05 05
Mail : arbrefromager@yahoo.fr

Article rédigé à partir du dossier de presse réalisé par le Réseau Périnat

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