Né d’une réflexion conjointe entre la DAAF, l’ARS et la Mairie de Cayenne, le projet Equilibre alimentaire dans les quartiers de Cayenne, porté par Guyane Promo Santé, est en phase de bilan et se termine sur des perspectives prometteuses.
Les Taties, une fonction indispensable mais sans garantie
Pour pallier au déficit en offre de restauration collective, de nombreuses familles sont dans l’obligation de faire appel à des modes de garde alternatifs. Le nombre d’assistantes maternelles agréées n’étant pas suffisant et les structures de services à la personne très peu développées, les parents font donc fréquemment appel à un mode de garde informel chez l’habitant, « les Taties », qui offrent des repas à bon prix, mais sans qu’aucune vérification sur les qualités hygiéniques et nutritionnelles des repas et conditions de garde ne soit garantie.
De surcroît, le statut informel de cette activité ne permet pas une connaissance exhaustive de son organisation, des modalités d’accueil, ni des besoins. Cette situation, qui n’est pas nouvelle, est spécifique au territoire guyanais. La croissance démographique est un réel challenge pour les collectivités. Elles n’ont pas les capacités financières et foncières pour construire de nouvelles cantines ou agrandir les réfectoires existants.
A défaut de pouvoir créer rapidement des structures répondant aux besoins de la population dans des délais raisonnables, le projet est né d’utiliser les modalités existantes – le recours aux Taties – mais de les faire évoluer vers la qualité et de réfléchir à comment les engager dans une démarche de professionnalisation.
Première étape : une enquête pour déterminer le profil des Taties
Entre octobre et décembre 2016, GPS a réalisé une enquête dans les quartiers – entre autres prioritaires – de Cayenne. Son objectif était de cerner les caractéristiques socioculturelles d’un échantillon de Taties, leurs connaissances en alimentation, santé ou hygiène. Les premiers lieux ciblés ont été les écoles maternelles et primaires, privées ou publiques de Cayenne.
L’analyse de l’enquête a permis de mettre en lumière le profil des 32 Taties interviewées :Deuxième étape : une formation sur l’alimentation des enfants…
Suite à l’enquête, les Taties qui le souhaitaient, pouvaient bénéficier de trois jours de formation sur l’alimentation des enfants (équilibre alimentaire, produits locaux, plan alimentaire, hygiène, gestion du budget, conservation des aliments, ateliers cuisine…). Deux sessions ont été organisées durant les vacances de février et d’avril afin de respecter les disponibilités des Taties.
25 taties s’étaient pré-inscrites à la formation, 11 d’entre elles ont participé à la première session en février 2017. En revanche, en raison des mouvements sociaux, seulement 5 d’entre elles ont pu participer à la deuxième session d’avril.
Les formations ont été animées par Dachine et Patate douce (traiteur et formateur en cuisine) et la Bioacadémy (via Christine LEMASLE, Diététicienne). La coordination a été faite par GPS et la Croix Rouge a mis à disposition sa cuisine dans les locaux de l’Espace Maman Bébé.
Ce sont donc 14 Taties qui ont pu se rencontrer et échanger sur leur pratique, leurs difficultés et leurs besoins. Ces sessions de formation, qui ont reçu un accueil extrêmement positif de la part de ces professionnelles, ont également fait émerger un questionnement sur les possibilités de professionnalisation.
… et une information sur le cadre administratif de la fonction
Un regroupement a été organisé en mai afin de présenter les différentes options qui s’offrent à elles. La DAAF, la DRJSCS et la CTG ont pu traiter des questions relatives aux obligations légales en restauration collective, à l’accueil périscolaire de mineurs ainsi qu’aux agréments existants.
Des participantes motivées et une dynamique en construction
En parallèle de ces informations pratiques, la formation a permis de créer un lien fort entre les Taties qui désormais s’appellent pour discuter de leur difficultés ou s’envoient les recettes de cuisine que les enfants apprécient. Une réflexion quant à la mise en place d’un collectif est même en cours.
Afin de conserver la dynamique naissante et la motivation des Taties, GPS souhaite poursuivre l’action en proposant des rencontres pratiques : ateliers cuisine, temps d’échanges sur des thématiques liées à l’enfance (développement de l’enfant, besoins en fonction de la croissance, bienveillance, jeux…) ou sur l’alimentation (allergies, pathologies en lien avec l’alimentation, goûters…).
GPS souhaite également poursuivre les rencontres entre institutions, collectivités et Rectorat afin de répondre aux mieux aux besoins des enfants, des parents et des établissements scolaires et réfléchir à comment faciliter l’accueil des enfants chez les Taties dans un cadre légal adapté à notre contexte.