Les CPS, un concept parfois perçu comme abstrait et complexe

En 1993, l’OMS présente le concept de Compétences PsychoSociales. Ces CPS au nombre de 10 sont alors définies comme « la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement ».

Ces dernières années, ce concept n’a cessé d’évoluer. En 2021, Santé publique France soutenue par un grand nombre d’experts actualise la définition et propose une nouvelle classification des CPS. Le déploiement des CPS couvre toutes thématiques de santé, intègre différentes politiques publiques et repose encore en grande partie sur l’investissement des acteurs et actrices de terrain.

Les CPS, concept parfois perçu comme abstrait et complexe
La mise en œuvre d’un projet CPS peut largement être influencée par le contexte d’intervention, le public auquel il s’adresse et l’environnement dans lequel l’intervenant.e évolue. Ainsi, les recommandations relatives à l’implantation de programmes de renforcement des CPS insistent entre autres sur le repérage des enjeux locaux, la connaissance des populations visées, la prise en compte des dynamiques existantes. Or, ces éléments sous-entendent que la notion de CPS est parfaitement acquise des acteur.ices eux-mêmes et adaptée à leurs réalités.

Plusieurs études, majoritairement menées auprès de professionnels du champs de l’éducation, montrent des difficultés de mise en pratique par les intervenant.e.s partiellement expliquées par le manque de compréhension et donc d’appropriation du concept.

En effet, la démarche de renforcement des CPS développée par des experts peut être difficile à appréhender en particulier par celles et ceux qui ont pour missions de les renforcer, les transmettre et les faire vivre à travers des pratiques informelles ou séances dédiées. De plus, les termes employés pour définir les différentes compétences demeurent très conceptuels.

L’EMSPEC, actrice de la promotion de la santé dans les communes de l’intérieur
L’Equipe Mobile de Santé Publique En Communes (EMSPEC) est constituée de binômes de médiateur.ices et d’infirmier.e.s et a pour mission principale la construction et la mise en œuvre d’action de promotion en santé avec et pour les communautés. La médiation est un processus d’ « aller vers » pour renforcer l’équité en santé. Elle vise également l’inscription des personnes vulnérables dans le système de santé.

Le renforcement des CPS, levier à l’acquisition d’aptitudes individuelles, permet de renforcer le pouvoir d’agir des personnes. Il est donc au cœur des accompagnements individuels et le fil rouge des actions collectives menées par l’EMSPEC et en particulier par les médiateurs.ices.

Malgré des formations théoriques et une grande expérience de terrain, l’EMSPEC se trouve confrontée à une difficulté de compréhension des enjeux des programmes CPS et à fortiori de leur adaptation aux spécificités de leurs territoires d’intervention. Les CPS demeurent une représentation abstraite que l’EMSPEC souhaite recontextualiser pour donner du sens à ses actions.

Passer du concept abstrait à une réalité concrète
Guyane Promo Santé, dans ses missions d’IREPS, propose des accompagnements pédagogiques et méthodologiques afin de favoriser la montée en compétences des acteurs du territoire. C’est dans ce cadre que l’EMSPEC a sollicité un rendez-vous et qu’un partenariat a pu être établi afin de réfléchir sur aux difficultés rencontrées par l’équipe en intervention.

Dans un premier temps, les deux infirmières coordinatrices de l’EMPSEC sont venues à notre rencontre. Leur demande initiale était le prêt d’outils d’intervention afin de faciliter l’appropriation des CPS de leur équipe. Au terme de cette rencontre la demande a évolué. Il nous semblait plus opportun de proposer des journées de sensibilisation auprès de l’équipe plénière. Les deux infirmières coordinatrices de L’EMSPEC et les deux chargées de projets de GPS ont défini l’objectif de ces journées de sensibilisations : rendre accessible les CPS en l’intégrant au quotidien des médiateurs des communes de l’intérieur.

Nous avons donc été invité aux deux journées de regroupement de l’équipe de l’EMSPEC. La première rencontre s’est déroulée au sein de l’Hôpital de Cayenne. Nous avons principalement travaillé autour de la cohésion de l’équipe et des forces de cette équipe : intelligence sociale, solidarité, bienveillance, créativité. Cette première rencontre avec l’équipe plénière a permis de recueillir les attentes de l’équipe :

« Je souhaite mieux comprendre et intégrer les CPS » « Je cherche à démystifier, savoir les appliquer » « Plus de CPS parce que c’est flou » « Lâcher prise sur les CPS ».

La seconde journée de regroupement de l’équipe EMSPEC a été organisée au camp Maripa sur la commune de Kourou. Hors des murs de l’hôpital, en pleine nature, nous avons poursuivi notre collaboration avec pour objectif l’approfondissement du concept des CPS.

Un premier temps a permis l’appropriation du concept par l’investissement corporel en associant les familles de compétences à différentes parties du corps, en les ressentant, en les jouant pour mieux les comprendre, et en les illustrant sur base de situations vécues.

Dans un second temps, place à la créativité et à l’imagination. L’expression graphique plus précisément la BD a été le support choisi pour illustrer différentes scènes sur les réalités du quotidien de médiateur.ice en communes isolées. Chaque scène a ensuite fait l’objet de discussions afin d’identifier les moments où les CPS se trouvaient mobilisées et de quelle manière.

La force du collectif et la cohésion de groupe sont apparus en filigrane tout au long de cette journée, Les échanges ont confirmé que la notion de compétence est étroitement liée à l’action, aux savoir-faire et savoir-être. Ces compétences ne s’acquièrent donc pas seulement grâce à la transmission de fondements théoriques, mais, par essence, s’incorporent à un vécu, une expérience.

L’accompagnement de l’EMSPEC se poursuivra dans les mois qui viennent.

Quelques témoignages de membres de l’EMSPEC

1. Que retenez-vous de cet accompagnement ?
« Super bien, surtout les outils. Surtout dans les thématiques où j’avais du mal notamment les CPS. Pourtant j’avais fait la formation, il y a moins d’un an. Je ne savais pas comment les utiliser. A la première rencontre ça restait flou. A la deuxième rencontre, là j’ai mieux compris. » Interview Lydianne TAMBOUR, médiatrice EMSPEC à Maripasoula

2. Est-ce que votre vision de ce que sont les CPS et à quoi elles servent a changé ? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus ?
« Les CPS c’est très théorique et peu pratique. Notre travail est beaucoup plus pratique. J’ai eu des difficultés à comprendre ce que sont les CPS. On se dit qu’on les met en place automatiquement sans s’en rendre compte […] Je pense que c’est un travail au quotidien qui me permet de mieux comprendre plutôt que des formations ponctuelles. Mais ça va venir. » Interview Roziane CAROLUS, médiatrice EMSPEC Saint Georges

3. Après ces rencontres, pensez-vous que vos pratiques professionnelles (interventions collectives, accompagnement individuel) ont évolué ou vont évoluer ?
« Oui complétement. Justement quand c’était que théorique, on essayait de les mettre dans les interventions sans être sûr. Maintenant c’est plus naturel de les intégrer dans nos interventions. » Interview Agathe CHALAYE, infirmière EMSPEC Maripasoula

Pour toutes questions relatives à un accompagnement, n’hésitez pas à nous solliciter : contact@gps.gf