Les Centres de Santé Sexuelle (anciennement Centres de Planification et d’Education Familiale – CPEF), présents en de très nombreux points du territoire français, accompagnent les personnes dans leur santé sexuelle. Un Centre de Santé Sexuelle, porté par la CTG, existe depuis 2005 à Cayenne, Saint-Laurent du Maroni attendait depuis longtemps l’ouverture d’un centre pour l’ouest guyanais. C’est chose faite, le centre de Santé Sexuelle du Planning familial a ouvert ses portes le mercredi 8 novembre 2023.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la santé sexuelle » est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. […] elle exige une approche positive et respectueuse, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires sans coercition ni discrimination ni violence. »
Attachée à cette définition de la santé sexuelle, la structure proposera, outre ses activités de consultation (contraception, dépistage, IVG, suivi gynécologique), des actions d’Éducation à la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle (EVRAS).
Nous avons rencontré Véronique LESECQ, conseillère conjugale et familiale, et Melissa JEDDI, sage-femme, salariées de centre.
L’EVRAS, voilà un bien gros mot ! De quoi s’agit-il exactement ?
MJ : L’Éducation à la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle, ce sont des interventions en milieu scolaire, en quartier, dans les associations ou encore au local, où on veut ! Ces interventions peuvent aborder tous les thèmes liés à la santé sexuelle. C’est prendre le temps d’aborder chaque thème de façon adaptée au public.
VL : L’EVRAS peut prendre la forme d’animations collectives, de groupes de paroles en association ou en structure, ça peut être des stands lors d’évènements locaux ou de journées spécifiques. Nous allons aussi proposer cette année dans les 3 lycées, pour des élèves de seconde une formation « Jeunes ressources en santé sexuelle, ambassadeur égalité filles garçons ». Ce sera pendant les vacances scolaires (février, avril). 15 élèves par formation, 4 jours sur la santé sexuelle, les questions autour du genre, des violences, IST, contraception, écoute. Ensuite, ils seront dans leur établissement des relais a l’écoute de leurs pairs. Et nous serons à leur côté en soutien.
Pourquoi vous êtes-vous passionnées pour l’EVRAS ?
VL : L’idée qui me porte, c’est que, chacun, on se connaisse mieux soi-même pour mieux vivre ensemble, pour qu’il y ait plus de tolérance. J’ai toujours aimé discuter avec les jeunes et apprendre d’eux, pour rester en contact et ne pas être en décalage par rapport à ce qu’ils vivent vraiment. Accompagner mes enfants et ceux des autres. L’éducation à la santé était mon objectif au départ. J’ai commencé ma carrière dans un mode plus directif qui ne fonctionnait pas vraiment : les gens te répondent ce que tu veux entendre et puis à la maison, ça ne tient plus. L’éducation pour la santé et la promotion de la santé sont devenus une évidence. Partir de ce que les personnes ont, ce qu’elles sont, ce qu’elles savent, change la donne. La prévention est un travail de longue haleine, ça demande du temps mais c’est bien plus profitable tant pour le professionnel que pour les personnes. Le planning familial est une association féministe et d’éducation populaire, ça aussi ça me plait !
MJ : Ma profession fait que j’ai été confrontée à des histoires de vie qui m’ont fait me questionner sur pourquoi on en est arrivé là ! De ne pas savoir comment répondre aux problématiques dans une premier temps, constater de la méconnaissance (physiologique, affective, verbalisation de soi, perte de pouvoir sur soi-même), de constater le brouillard mental autour de la vie affective et sexuelle, je me suis dit que la prévention était sans doute une piste ! Le curatif est important mais pas seul. Je m’y suis intéressée et me voilà !
VL : On va semer des graines qui germeront ou pas, maintenant ou plus tard… !
Rencontrez-vous des dofficultés lors de vos interventions ?
VL : Non, il n’y en a pas tellement ! Les familles ne sont pas empêchantes contrairement à d’autres régions de France. Quelques fois les jeunes ou les familles ne veulent pas participer : ils ont toujours le choix de participer ou non s’il y a de la résistance. Le plus difficile c’est qu’il n’y a pas assez d’acteurs pour pour répondre à toutes les demandes ! Pour les contenus, l’idéal est le sur-mesure. La co-construction est super, les demandes peuvent déjà être nourries d’idées ! C’est chouette de comprendre pourquoi on nous demande : c’est global ou c’est suite à un souci ? L’approche n’est pas la même.
Une question subsidiaire : Et les garçons au centre de santé sexuelle ?
VL et MJ : Ils sont les bienvenus !! Ils peuvent venir à propos de leurs questionnements, parler, chercher des conseils. Leur fournir des préservatifs, leur prescrire (et aussi sur toute l’activité de dépistage…bref, en consultation !). Ils peuvent venir pour eux même ou pour accompagner leur partenaire. La physiologie masculine est aussi un vrai sujet !
MJ : J’ai envie de rajouter et cela nous semble vraiment important, que tous les genres, toutes les orientations sexuelles peuvent être interrogés auprès de nous. Accueillir tout un chacun la et tel qui est une de nos priorités.
Propos recueillis par Lucile NICOLAS, chargée de projets à Guyane Promo Santé, à l’antenne de Saint-Laurent-du-Maroni.
Véronique Le Secq, conseillère conjugale et familiale |
Mélissa Jeddi, sage-femme | Audelise Frédéric, secrétaire |
Le Centre de Santé Sexuelle se trouve Rue Carnot à Saint-Laurent-du-Maroni.
Il est ouvert les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 8h à 14h30 et le mercredi de 10h à 16h30.
Contact : 05 94 23 46 82
Mail : c2accueil@planningfamilial973.fr
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