Point d’articulation entre les recherches et l’expérience de terrain, les ateliers de la recherche GPS invitent différents acteurs à présenter et échanger leurs expériences professionnelles et de recherche autour d’une thématique ayant trait à la promotion de la santé.
En avril 2024, GPS a ainsi organisé un atelier de la recherche sur les violences sexuelles faites aux enfants au cours duquel un certain nombre de constats et de pistes de travail ont été formulés.
Le premier constat est celui de l’ampleur et de la gravité de ce phénomène qui touche tous les milieux sociaux. Au-delà de chiffres clefs donnés par l’enquête Violences et rapports de genre à la Réunion, en Guadeloupe et en Martinique (INED), la prévalence du phénomène est incontestable. Cette violence qui fait encore l’objet d’un déni a des conséquences extrêmement importantes, physiques, psychiques, comportementales, avec un risque de reproduction au cours de la vie et de manière transgénérationnelle.
Le second constat est que les violences sexuelles sur mineur.es sont difficiles à repérer, observer et donc à quantifier. On note cependant une visibilité croissante de ces violences, grâce notamment aux données administratives provenant des services de la police et de la justice, mais également aux retours de terrain du secteur associatif.
Cet atelier a également témoigné de l’importance de questionner l’histoire, l’environnement familial et le contexte socio-économique pour mieux repérer les violences mais aussi pour mieux prévenir leur apparition et leur répétition. Les différents facteurs de risques qui exposent les enfants sont d’ordre individuel, relationnel mais aussi sociétal.
Ces constats conduisent à la formulation de plusieurs pistes d’actions parmi lesquelles la mise en œuvre d’une étude sur le sujet en Guyane. Les chiffres présentés lors de l’atelier ont permis une première approche du phénomène mais il est indispensable de les approfondir dans le cadre d’une enquête quantitative.
Il a également été posé l’importance du repérage et de l’accompagnement des mineur.es victimes de violences sexuelles. A ce titre, il s’agit d’une part de penser la prévention au sein de plusieurs espaces : familial, personnel, public, social, médical (périnatal notamment) scolaire, professionnel etc. Ces actions préventives constituent un levier important pour le repérage des violences sexuelles. D’autre part, de mettre l’accent sur l’importance du travail conjoint des professionnel.les (médical, socio-éducatif, psychothérapeutique, judiciaire) dans la mise en place d’un accompagnement à la fois global et personnalisé de l’enfant. Cela pourrait passer notamment par le déploiement d’une Unité d’accueil pédiatrique enfant en danger (UAPED) sur le territoire.
Cet atelier a également montré un besoin de formation et de sensibilisation dans le repérage et le recueil de la parole de l’enfant ; il en est de même dans l’identification des différentes ressources dont disposent les professionnel.les pour protéger, orienter et prendre en charge ces enfants.
Les échanges au sein de cet atelier ont mis en évidence que les violences sexuelles faites aux enfants constituent un enjeu majeur en termes sociétaux comme de santé publique. Cette réflexion doit être un moteur supplémentaire pour le renforcement des partenariats, des échanges de pratiques et des renforcements mutuels de compétences.