En 2016, le groupe de chercheurs membres du Réseau québécois de recherche et de transfert en littératie propose une définition de la littératie, elle représente : « la capacité d’une personne, d’un milieu et d’une communauté à comprendre et à communiquer de l’information par le langage sur différents supports pour participer activement à la société dans différents contextes ».
La littératie regroupe de nombreuses compétences qui ne consistent pas uniquement en la capacité de lire et écrire. Elle s’alimente également de compétences sociales, affectives et cognitives comme de savoir échanger avec les autres, savoir se repérer dans le système de santé, connaître et savoir gérer ses émotions, avoir de l’estime de soi et faire confiance, avoir un esprit d’analyse et de critique.
Personne n’atteint un niveau élevé de littératie en tout temps, la compétence en littératie en santé varie selon le contexte, la culture et l’environnement dans lequel on se trouve.
De très nombreuses situations du quotidien font appellent à la littératie en santé :
- Comprendre les renseignements transmis par un professionnel de santé, les informations dans des documents écrits comme des notices des médicaments, des prescriptions médicales, trouver et trier les recommandations de prévention.
- Identifier les symboles, les sigles, les chiffres, les dates, les calculs, les mesures, les pourcentages, etc.
- Nommer les médications, les niveaux de douleurs, les organes et les antécédents médicaux.
- Savoir remplir correctement des formulaires, des déclarations de consentements, appréhender la notion de risque.
- Savoir se repérer dans des lieux physiques (hôpitaux, services sociaux, etc.) ou numériques, comprendre la signalétique.
- Savoir transmettre les informations à ses proches et/où faire appliquer les recommandations.
- Analyser les informations, pour faire à des choix éclairés pour sa santé, aller vers une ressource conventionnelle lorsque qu’elle est culturellement traditionnelle, faire confiance au système de santé et aux professionnels.
La littératie, un déterminant majeur de la santé des populations
D’après une enquête réalisée en Belgique en 2014, 4 personnes sur 10 ont des difficultés pour comprendre, trouver, évaluer et appliquer des informations en lien avec la santé. Au Canada, d’après une enquête conduite en 2012, 42% à 55% des Canadiens âgés de 16 à 65 ans ont de la difficulté à comprendre un texte écrit, des textes schématiques et des chiffres (numératie), on estime que deux tiers des québécois (95 % chez les personnes âgées) n’ont pas le niveau de littératie nécessaire pour prendre soin adéquatement de leur santé. En France, une enquête réalisée par Emmaüs en 2016, alerte sur le fait que 40% des français estiment être en pénibilité numérique (illectronisme), sachant que d’ici 2020, on estime que le système de santé sera 100% numérique.
Par ailleurs, L’Institut National de Santé Publique du Québec déclare en 2017 qu’un faible niveau de littératie est le meilleur prédicteur de mortalité après le tabagisme.
Mais alors comment agir ?
Renforcer le niveau de littératie en santé constitue un important levier en faveur de l’émancipation de la personne et donc du pouvoir d’agir de toute la société. Toutefois cette évolution ne peut être envisageable que si le système de santé lui-même agit sur son fonctionnement : « On peut accroître le niveau de littératie d’une société en faisant tomber les barrières érigées par le système de services de santé et par les professionnels et en développant les compétences des individus ». (Source : Extrait de La charte de Calgary pour la littératie en santé : Justification et principes fondamentaux du développement de programmes de littératie en santé, Coleman et al., 2011)
La Conférence nationale de santé, réunie en assemblée plénière en avril 2018, a adopté l’avis du 06.07.17 : « La littératie en santé – usagers et professionnels : tous concernés ! Pour un plan d’action à la hauteur des inégalités sociales de santé ».
La CNS souligne que le concept de littératie en santé constitue une opportunité pour aborder la question des inégalités sociales de santé tant du point de vue des usagers que du point de vue des professionnels de santé.
Elle recommande la mise en œuvre d’un programme d’action ambitieux.
Les principales recommandations s’articulent autour de 3 axes :
- créer un environnement favorable au développement de la littératie en santé,
- mobiliser les ressources et les dispositifs pertinents pour développer la littératie en santé des populations vulnérables,
- développer l’évaluation et la recherche et diffuser les pratiques exemplaires. »
Télécharger l’Avis adopté en assemblée plénière le 06 juillet 2017 (pdf 1,1Mo)
En juin 2018, dans le cadre de sa mission en faveur de l’accessibilité de l’information pour les personnes en situation de handicap, d’illettrisme ou maîtrisant mal le français, Santé publique France publie, avec le soutien de la CNSA, un nouveau guide pratique pour toute personne ou organisme souhaitant communiquer une information claire et lisible pour le plus grand nombre.
Télécharger « Communiquer pour tous – Guide pour une information accessible » – (pdf 6,6Mo)
Et en Guyane ?
A l’initiative du l’ARS de Guyane, quinze personnes de la CTG, l’ARS et la Croix rouge ont été sensibilisées aux enjeux de la littératie en santé le 28 mai dernier par Estelle Tournadre, chargée de projet à GPS.
Dans la continuité de ce premier atelier, GPS prévoit d’inscrire dans son catalogue de formation, une formation « Littératie en santé » pour tous les acteurs du territoire qui souhaiteraient s’investir.
Pour en savoir plus
Télécharger la Synthèse bibliographique « La littératie en santé » de la FNES (2017 – pdf 1,1Mo)
Télécharger la Bibliographie sélective « Littératie en santé » de l’IREPS Poitou-Charentes (pdf 851 ko)
Télécharger La Santé en action n° 440 : Communiquer pour tous : les enjeux de la littératie en santé (pdf 4,3 Mo)
Contact
Estelle Tournadre
Guyane Promo Santé
Tel : 0594 30 13 64
Mail : e.tournadre@gps.gf