Tribune collective pour la SNANC co-signée par la FNES

Publié le : 28 novembre 2023
Rubrique : Actualité

Note sur les enjeux de climat, de santé et de souveraineté alimentaire d’une alimentation moins carnée et plus végétale

Le Conseil national de l’alimentation, le Haut Conseil de la Santé Publique et France Stratégie ont préconisé que la réduction de la consommation de viande et la promotion d’une alimentation plus végétale fassent partie des priorités de la SNANC. Cette orientation est aussi une priorité partagée par plus de 100 organisations de la société civile dans une lettre ouverte adressée à Matignon. Il s’agit en effet d’un levier décisif non seulement pour le climat et la santé publique, mais aussi pour améliorer la souveraineté alimentaire de la France.

● Respecter les engagements internationaux de la France sur le climat

❖ Dans l’ensemble des scénarios et modélisations compatibles avec l’objectif de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) de réduire de 46% les émissions du secteur agricole d’ici 2050, la consommation de viande est diminuée d’au moins 50% (1). Le nouvel objectif de baisse de 22 % des émissions du secteur d’ici 2030 rend d’autant plus urgent la transition vers une alimentation plus végétale.

❖ Le Ministère de l’Agriculture, dans son courrier adressé à la Cour des Comptes, reconnaît que “une réduction de l’élevage sans évolution des régimes alimentaires n’apporterait aucun bénéfice net pour le climat, car les émissions seraient déplacées”. Il semble donc nécessaire, comme l’affirme le Secrétariat général à la planification écologique dans son plan Mieux Agir, “d’évoluer vers des régimes alimentaires moins émissifs : plus de végétaux (légumes et légumineuses), moins de viande mais de meilleure qualité et produite en France”.

● Améliorer la souveraineté alimentaire de la France

Le niveau de consommation de viande en France, en légère hausse ces dernières années, est en contradiction avec l’évolution tendancielle du cheptel et les objectifs de planification écologique et de transition vers un élevage plus durable. Or, la structure de la consommation de viande actuelle profite davantage aux importations et à l’aval des filières qu’aux éleveurs :

● Les importations de viande ont augmenté de 11,5 % en 2022 par rapport à 2021 et représentent en moyenne plus de 30 % de la consommation totale de viande (2) ;
● Ces importations sont principalement tirées par l’industrie agro‐alimentaire et la restauration hors-domicile :

○ Entre 60 et 75 % des poulets distribués dans les circuits industriels et dans la restauration hors foyer sont importés (3) ;
○ Plus de 50 % de la viande bovine utilisée dans la restauration hors-domicile et 30 % de celle utilisée dans les plats préparés vendus en grande distribution est
importée (4).

● Prévenir les maladies non transmissibles et améliorer la santé publique

Limiter la consommation de viande et de produits ultra-transformés, et augmenter celle de fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, fruits à coques permettrait de prévenir de nombreuses maladies (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, certains cancers) (5), comme l’ont rappelé 26 organisations de santé et plus de 400 professionnels de santé dans leur Appel du 7 juillet pour que la végétalisation de l’assiette soit au coeur de la SNANC.

➔ Nos recommandations pour une SNANC ambitieuse

Un ensemble de mesures cohérentes et complémentaires est ainsi indispensable pour favoriser la végétalisation des régimes alimentaires et une orientation de la demande vers
de la viande de qualité produite en France :

1) Étendre les objectifs de la loi EGAlim aux secteurs de la restauration commerciale et de la grande distribution, en incluant des objectifs d’offre de viande sous signe de qualité et d’origine France et d’offre de protéines végétales.
2) Assurer la clarté de l’indication de l’origine de la viande dans les restaurants, fast food et services de livraison de repas, ainsi que dans les plats préparés.
3) Intégrer les enjeux écologiques dans les axes et les recommandations alimentaires du PNNS lors de sa prochaine révision comme cela a déjà été fait par d’autres pays européens comme la Belgique, le Danemark, l’Espagne ou l’Italie. Cela signifie notamment renforcer les recommandations de limitation de la consommation de viande, en incluant la volaille.
4) Amplifier les campagnes d’information et le déploiement des outils du PNNS, en augmentant les financements des ministères et de Santé publique France.
5) Renforcer les moyens du Plan protéines végétales pour en faire un grand plan national de développement de la consommation et des filières de légumes secs (à l’image du plan du gouvernement danois), incluant :

➢ la mobilisation des acteurs de la restauration hors-domicile et de la grande distribution et des campagnes de communication vers les consommateurs ;
➢ un renforcement du soutien économique aux agriculteurs et aux industries agroalimentaires pour la production et la transformation des légumes secs.

6) Rendre obligatoire l’offre de 2 repas végétariens hebdomadaires ou d’une option végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires à partir de 2026.
➔ 81 % des Français sont favorables à l’obligation de proposer deux repas végétarien ou une option végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires (6).
➔ Plus la fréquence de l’offre de repas végétariens est élevée, plus les cantines ont les moyens de s’approvisionner en viande locale et/ou sous signe de qualité, et ainsi de respecter les objectifs d’approvisionnement en viande durable (7).

 

Notes :
(1) Voir les propositions de l’INRAE et la comparaison de 16 scénarios réalisée par l’IDDRI et Solagro.
(2) FranceAgriMer. (2023). La consommation de viandes en France en 2022.
(3) Sénat. (2022). Rapport d’information n°905. Compétitivité de la ferme France.
(4) Fondation pour la Nature et l’Homme. (2023). Élevage bovin : comment sortir de l’impasse ?
(5) Respectivement ⅓ et ⅔ de la population adulte dépassent les plafonds de recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) pour la viande rouge et la charcuterie, tandis que 72 % ne mangent pas assez de fruits et légumes et moins d’un Français sur deux consomme des légumes secs au moins une fois par semaine (Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire).
(6) Harris Interactive. (2023). Baromètre sur la consommation de viande : quelles nouvelles attentes ?
(7) Un plus bio. (2020). Observatoire de la restauration collective bio et durable, p.13.

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